Talibés et droits des enfants : une histoire difficile ?

Vers la fin de 2017,  l’asbl Afractie a eu l’occasion de se lancer dans un processus d’orientation de KIYO.  (une ong destinée aux droits des enfants). Ensemble avec les membres d’Afractie ils voulaient envisager le fonctionnement considéré à partir du point de vue des enfants. Cela a donné lieu à une recherche passionnante, parfois conflictuelle pour stimuler l’intégration de l’approche des droits des enfants à l’intérieur des projets.

Une première analyse à partir d’une série de questions nous a appris que nous nous occupons des droits des enfants dans les projets, mais qu’il reste à faire . Par exemple : la participation des enfants dans la prise des décisions,la formulation de principes clairs pour protéger les enfants dans les projets  et surtout  l’importance de prendre comme point de départ les droits et non les besoins des enfants. L’indivisibilité des droits des enfants nous est devenue claire.

Comme devoir nous avons parcouru le traité des droits des enfants. Nous nous y attendions, mais le fait que les talibés soient pratiquement privés de tous les droits des enfants était une épine dans le pied. Ils n’ont pas le droit de rester chez leur famille, ni à la sécurité et la protection, pas de droit à la protection contre l’usurpation, ni à un traitement équivalent, ni à une nourriture saine, de l’eau, des habits et un habitat, pas de droit à l’enseignement et la formation, pas de droit aux soins, à une vie privée, à assez de temps pour le jeu et les loisirs… Une confrontation avec la réalité dure des talibés au Sénégal.

Comment faire pour accorder plus d’attention aux droits des enfants dans les projets ?  KIYO nous a appris que dans toutes les décisions ou actions que nous avons prises ou mises en place avec les équipes au Sénégal, d’essayer toujours de partir des droits des enfants. Ce que nous voulons était-il vraiment dans le meilleur intérêt de l’enfant ? On leur a demandé ? Qu’en ont-ils pensé ? Qu’est-ce qu’ils voulaient ? Nous avons bien appris une chose dans ce processus, c’est qu’il faut toujours se demander ce que l’enfant veut et ce qu’il en pense.

Le processus a duré plus d’un an. Nous avons organisé plusieurs rencontres avec les collaborateurs de KIYO, qui nous ont posé des questions, en nous écoutant, en nous guidant  et ont pensé avec nous. D’abord nous avons été extrêmement déçus par le fait qu’on ne respecte aucun droit des enfants. Puis, pendant le processus nous avons compris notre rôle pour intégrer la conscience et l’importance des droits des enfants dans nos projets. A l’aide d’un start up kit nous avons parcouru un certain nombre des principes du traité des droits des enfants. Nous avons dialogué à propos des principes, avons discuté les trucs et les astuces et avons essayé de traduire une approche en pratique, ce qui constitue le défi, bien sûr.  Comment fait-on dans les projets au Sénégal ? Comment communiquer avec les équipes locales ? Comment passer d’une approche basée sur les besoins à une approche basée sur les droits ?

Entre les sessions les membres d’Afractie ont travaillé avec les équipes locales au Sénégal pour adapter l’approche à partir des droits des enfants. Cela s’est traduit par des questions concrètes telles une réglementation plus claire concernant les relations avec les enfants, une approche sur mesure, une attention individuelle à l’enfant, une série d’ateliers adaptés aux enfants, la participation d’un talibé comme partenaire de discussion dans le travail en équipe…

KIYO nous a donné l’occasion de suivre un chemin qui nous a fait réfléchir consciemment à notre approche à partir d’une attitude constructive critique et appréciative. Ils nous ont permis de réfléchir et de partager nos connaissances, mais nous ont également donné l’énergie nécessaire pour continuer à travailler avec eux.

Nous recommandons un tel processus pour tous les 4ième piliers. Les 4ième piliers sont axés sur l’action et les résultats. Cependant il est nécessaire et important de réfléchir à l’action de temps en temps et de réfléchir à ce que nous faisons et comment cela peut se réaliser différemment ou mieux. Ce processus intensif nous a éclairés afin de soutenir nos projets encore plus consciemment dans la perspective de l’approche des droits des enfants.

Merci KIYO ! Merci Sandra !