Opinion: Pourquoi nous faisons ce que nous faisons.

Si nous ne croyons pas dans les petits initiatives, la fin du monde se manifestera plus vite que nous le pensons.

Une thèse solide pour commencer un article, non?

Combien de fois devons-nous écouter les critiques des personnes sans la moindre experienc: “ 300.000 enfants mendiants au Sénégal, et vous en aidez … combien? 100 par an?” “Tu ne peux pas prendre la misère du monde entier sur tes épaules.” Tout ce genre de discours.

The person who says it can’t be done, should not interrupt the person doing it.

Et donc, nous le faisons. A quatre personnes et une poignée de volontaires occasionnels qui retroussent les manches. Avec 22 membres qui paient une cotisation modeste annuelle (y compris nous-mêmes et nos mères).

Trois projets au Sénégal: un à Dakar (Atax), un à Thiès (Djardjal) et un dans la zone de brousse de Ndieguène (Le Coquetier Social). Parce que nous, nous ne comptons pas sur l’initiative d’un gouvernement, d’une superpuissance ou d’un multimillionnaire qui peut injecter tant d’argent qu’il a un impact qui fait la une de journaux. Depuis quinze ans nous faisons la différence pour des enfants qui n’ont pas leur place dans la société. Des enfants dont les droits sont violés presque tous les jours. Nous le faisons parce que nous pensons qu’il est important de partager ce qui nous a été donné, automatiquement, juste parce que nous sommes belges. Avec ceux qui ne reçoivent pas les choses les plus évidentes: éducation, nourriture, eau, soins médicaux, assainissement etc.

Au cours de ces quinze années, plus de 100 enfants ont bien sûr frappé à nos portes. Quelqu’un leur a montré qu’il sont importants, leur a donné une fenêtre à travers laquelle ils peuvent regarder la vie d’une manière différente, les a aidés à obtenir une éducation et donc un emploi dans leur propre pays, leur a donné une alternative à une adolescence dans la misère, la criminalité ou la prostitution. Nous avons tourné leur attention vers leur propre pays au lieu de continuer de vivre cette rêve de l’Europe, ce Walhalla. Chaque enfant est unique et retire de l’expérience ce qu’il peut faire pour lui-même. Certains viennent juste pour manger et prendre une douche ou utiliser les toilettes, d’autres pour suivre les cours d’éducation et sont aidés afin de trouver un emploi, encore d’autres trouvent une oreille attentive aux problèmes d’abus. Et pour chacun d’entre eux, cela vaut la peine que nous fassions ce que nous fassions, année après année, même dans les moments difficiles.

Pour moi, j’ai décidé que ma vie vaut la peine dêtre vécue si j’ai pu changer radicalement le destin d’une seule personne. Je crois fermement aux principes de la permaculture: commence à petite échelle, réalise des changements restreints et durables, observe, utilise la diversité et fais des adaptations en fonction de tes observations.

Si notre travail est bien exécuté, l’impact touchera aussi à des autres. Nos clients deviendront les prestataires de soins. Pas tous, bien sûr, mais ceux qui ont vu la lumière la partageront avec leurs pairs, mieux que nous ne le pourrions jamais. Si nous nous acquittons convenablement de notre tâche, nous créerons un réseau de relations et l’impact grandira. Ensemble avec d’autres organisations, nous finirons enfin par être reconnus et le système de l’esclavage des enfants sera aboli. Et bien que ce soit notre rêve ultime, notre travail ne sera toujours pas terminé d’ici là, car chaque enfant qui a grandi dans ce système bénéficiera de notre contribution pour les années à venir.

En attendant, nous devons être non seulement des aides mais aussi des dénonciateurs. Pour en revenir à la goutte d’eau dans l’océan: les gouvernements ne vont vraiment pas prendre l’initiative de résoudre les problèmes, ni chez eux, ni à l’étranger. L’aide du gouvernement provient de l’atention portée aux phénomènes inacceptables, de la pression des electeurs, car en fin de compte, c’est de cela qu’il s’agît. Si nos projets, en coopération avec d’autres, peuvent attirer l’attention du gouvernement local au Sénégal, alors quelque chose commencera à se produire. Tous ces petits objets sont peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Si les Sénégalais eux-m^mes jettent le dicrédit sur le système et s’il y a une pression internationale dans les missions commerciales et autres, parce que les droits de l’homme sont violés. Nous n’avons pas d’illusions. Nous ne pourrons pas abolir ce système, tout au plus pourrons-nous accélérer sa disparition. En attendant, nous ferons ce que nous pourons et ne soupirerons pas que le monde ne soit pas divisé équitablement. Nous mettons nous-mêmes l’épaule à la roue. Etre témoin d’une injustice et ne rien faire est également un crime!

 

(Photo : des talibés dans leur daara, où ils dorment à même le sol et étudient le Coran à la lumière des bougies)

Le monde des médias sociaux fait toute la différence pour les talibés.

Tous les 3 à 4 mois nous rendons visite à la maison de refuge pour les talibés de Djar Djal à Thies. Nous y étions présents le 13 septembre dernier. Chaque visite représente une occasion pour nous entretenir avec Pape Loh, le moniteur, et les talibés.

Depuis le début de la journée les premiers talibés arrivent pour prendre le petit déjeuner et jouer avant de se mettre en route pour mendier. Le fait que nos collègues de Nexal Retane aient déjà rejoint le projet à plusieurs reprises, laisse sa marque : après le repas, les talibés se mettent au travail avec leur brosse à dents. Apparemment, c’est devenu une bonne habitude.

Djar Djal veut soutenir de tels changements de conduite : apprendre des habitudes qui influencent positivement la société, la santé et le développement individuel. Pape Loh essaie de leur apprendre quelques règles élémentaires de conduite, par le biais d’activités journalières, comme la discussion à propos de conflits au lieu de se servir de force et d’agression, les soins accordés à soi-même, mais également la conduite vis-à-vis du chien dans le projet.

Depuis peu il y a un nouveau  chiot et pour les enfants sénégalais cela constitue en général un défi de se comporter vis-à-vis de celui-ci. Ils craignent beaucoup les chiens, mais souvent les traitent mal aussi. Il s’ensuit une relation malsaine entre les chiens et les enfants. Or, dans le projet ils apprennent à se conduire de façon différente envers ces animaux.

Le projet est particulièrement chargé le matin. Les talibés circulent. Le jeudi et le vendredi ils ont besoin de plus d’espace pour rester plus longtemps dans le projet. Quelques-uns ne doivent pas aller mendier, surtout les talibés plus âgés se réunissent l’après-midi dans la maison de refuge pour discuter entre eux et avec Pape Loh. A l’occasion de notre visite du 13 septembre il s’agissait surtout du fait que les talibés plus âgés en général ne disposent pas de documents officiels et que, pour cette raison, ils doivent donner parfois des pots-de-vin aux agents de police à l’occasion d’un contrôle.

Nombre de talibés proviennent de Guinée-Conakry ou de Guinée-Bissau. Djar Djal les soutient pour retourner à leur pays d’origine, s’ils le souhaitent afin de se mettre en règle avec leurs documents. Très souvent cela se révèle difficile parce que parfois ils ne savent pas ou se trouve leur famille à ce moment, s’ils sont inscrits à leur naissance, ne connaissent pas leur âge, etc.

Pape Loh explique que les médias sociaux comme facebook et whatsapp ont changé tant de choses. Djar Djal aide les talibés plus âgés pour mettre leur profil sur facebook par exemple. De cette façon ils peuvent  entrer en contact avec leur famille et leurs amis de leur région d’origine. Ils ont également la possibilité de communiquer beaucoup plus souvent avec leurs parents, amis ou famille et demander la permission de quitter le daara (école de coran) et de retourner à la maison. Les médias sociaux sont devenus  un outil puissant pour les ex-talibés plus âgés pour établir des contacts. Jadis ils dépendaient tout à fait de leur marabout (professeur de coran) en cela. Afin de les garder auprès de lui, il ne partageait souvent pas les données des parents. Les médias sociaux constituent donc une différence fondamentale pour les talibés. Ils élargissent leur univers et réseau.

Dans la maison de refuge ils peuvent utiliser l’internet à titre gratuit. S’ils y apprennent aussi comment se servir des médias sociaux cela les stimule à apprendre à écrire des textes concis.

L’école Thomas More de Malines a offert une vingtaine de desktops à Afractie. A la fin de cette année on les attend au Sénégal. Les desktops seront partagés parmi les différents projets, soutenus par Afractie. De cette façon nous pourrons nous concentrer encore plus sur le renforcement des compétences digitales des talibés.

Vous en lirez plus de détails dans l’un de nos bulletins d’information prochains.

(Douleurs de) croissance.

Pendant le mois de juillet, notre vice-présidente Nina s’est rendue à Ndieguène pendant quelque temps afin d’évaluer l’évolution des activités au “Coquetier Social”. Voici son rapport :

Enfin la visite suivante. J’étais follement curieuse des progrès au Coquetier. Top m’a souhaité la bienvenue avec Iba, un garçon qui habite là depuis quelque temps. Notre premier talibé, qui restera au Coquetier pour une période de 6 mois. A l’âge de huit ans il s’est trouvé dans la rue, ou il mendiait toute la journée pendant des années. Sa vie a changé considérablement pendant le mois qu’il a passé déjà ici. Il dort dans un lit, mange trois repas sains par jour et acquiert chaque jour de nouvelles connaissances. Et cela ne se limite pas aux sujets liés à l’emploi comme l’élevage des poules et le démarrage d’une entreprise agricole ou la fabrication de briques et la maçonnerie. Top lui apporte également toutes sortes de nouvelles connaissances dans la sphère privée : sur l’alimentation, l’hygiène, les bonnes manières, la structure quotidienne, les bonnes manières à table et la dynamique familiale. Une longue liste d’aptitudes qui lui sont apprises avec l’autorité paternelle et la patience. Le garçon est tout à fait membre de la famille, déjà une nouvelle expérience en soi et il est très enthousiaste. Plusieurs villageois ont déjà fait la connaissance de notre premier « garçon de la rue » et aperçoivent des tas de possibilités. Le travail plaît beaucoup à Iba. Dès qu’il aura choisi son poste, Top le présentera à des employeurs possibles : des propriétaires de grandes fermes de poules dans les environs, des entrepreneurs dans l’industrie de la construction, des agriculteurs. Je crois que nous pouvons être sûrs qu’au moins un garçon est sorti d’une vie de misère et d’exploitation.

Pendant mon séjour, l’ancien professeur de Coran d’Iba est venu visiter notre projet. Il l’a tellement apprécié qu’il a décidé de passer la nuit avec nous. Il a aidé à changer l’eau des poules et à remplir les mangeoires, il a pris un repas belge et bu du thé avec nous. Contrairement à beaucoup d’autres marabouts, il pense que les enfants devraient encore apprendre d’autres choses que le Coran.

Il a parlé à Iba et a vu que tout était bien. Top a traduit mes questions. Cette conversation m’a rendue très optimiste pour l’avenir.

L’homme a promis de nous envoyer des garçons de la rue qui achèveraient leurs études coraniques et entreraient ensuite au marché du travail sans aucune formation professionnelle. Il nous enverra aussi occasionnellement des adolescents qui apprendront ensuite à fabriquer des briques et à maçonner. Nous paierons les garçons pour le travail qu’ils exécutent pendant leur formation courte et ils ne devront pas donner leur argent au marabout, mais pourront le dépenser eux-mêmes ou épargner. Le marabout donne son accord pour un maximum de trois jours de logement à Ndieguène, puis ils doivent retourner dans les villes pour mendier et prendre des leçons de Coran.

Toute la conversation m’a remplie de joie, car nous voulons créer un avenir pour les talibés dans leur propre pays. Iba aussi était l’un de ces jeunes qui ne voyait pas d’issue et voulait tenter sa chance en Europe en pirogue. Pour le moment il aperçoit un avenir au Sénégal ou en Guinée Bissau, son pays natal. Nous espérons que la formation pourra convaincre un grand nombre d’autres talibés pour rester dans leur pays natal, parce que la traversée est dangereuse et un avenir en Europe ne garantit pas le bonheur et pousse nombre de migrants de nouveau dans la misère.

Actuellement Top ne peut s’occuper de plusieurs garçons. Le projet n’est pas encore en mesure de se financer et chaque euro compte pour permettre un redémarrage. En plus il n’y a toujours pas d’eau dans le puits : par conséquent nous ne pouvons étendre les activités. Nous avons demandé l’avis d’un ingénieur qui fait des forages de puits. Il nous a rendu visite et a observé le sable, qui avait été récemment creusé dans le puits. D’après lui nous sommes à quelques mètres de distance de l’eau seulement et il nous a conseillé de continuer à fouiller le sol. Dans le cas où les travaux  s’avèrent difficiles, il veut bien envoyer une équipe qui continuera le travail. Si l’eau n’est pas encore atteinte, il nous fera une offre pour un forage de profondeur. Espérons que l’eau sera atteinte dans notre puits. Avec l’aide du financement de la commune de Keerbergen, nous pouvons envisager l’achat du matériel nécessaire pour l’irrigation de la terre de culture.

L’élevage des poules est devenu un succès considérable. Nous avons pu occuper la deuxième étable : un peu plus grande que la première et apte pour les poules pondeuses. Pourtant nous avons choisi des poules de chair comme première habitation. Le risque financier s’avère moindre à ‘occasion d’une perte éventuelle de poules de chair que pour des poules pondeuses. En effet nous utilisons toujours de l’eau potable et devons nous fier à la bonté du voisin qui nous donne de l’eau quand le robinet ne fonctionne plus pendant des jours. Un accident peut toujours arriver. Par exemple : cinq jours avant la fête du Sucre nous avions préparé 160 poulets pour la vente : abattu, nettoyé et emballé individuellement pour la vente aux particuliers du village. Suivaient deux jours de panne de courant. A 40° C il était inutile de distribuer les poulets dégelés au village : tout le monde avait déjà cherché de la nourriture au marché et le poulet ne pouvait être conservé jusqu’au lendemain, car personne ne dispose d’un frigo. Une perte terrible qui ne nous est point permise !

Une solution structurelle s’avère nécessaire pour résoudre le problème de l’eau. Tous les regards sont tournés vers deux ingénieurs – des étudiants de dernière année de Diepenbeek – qui vont mettre en pratique leur mémoire de maître. Ils sont soutenus par l’organisation à but non lucratif « Students for Energy » en Afrique et fourniront de l’énergie à notre projet et au village. Une éolienne, des panneaux solaires ou une combinaison des deux. Biogaz de fumier de poulet. Notre projet n’est pas encore assez grand pour cela, mais à proximité se trouvent des fermes industrielles avec des dizaines ou des centaines de milliers de poulets. Les étudiants pourront innover à leur guise !

Et s’il y a de l’eau et de l’éléctricité, nous pouvons aller de l’avant à toute vapeur ! Avec plus de talibés. Avec notre production, nous pouvons gagner de l’argent pour soutenir les projets urbains à Yoff et à Thiès et c’était tout le planning.

La saison pluvieuse s’approche. J’ai appris hier qu’ailleurs au Sénégal la première pluie est tombée. Pour la première fois pendant une période de dix mois des gouttes ont commencé à tomber et espérons qu’il pleuvera averse !

En accord avec l’aîné du village et son fils  (et tout le reste du village a exprimé son opinion) nous avons décidé de planter des pastèques sur la plaine ouverte – agriculture bio. L’investissement ne sera pas très important. Les pastèques ont besoin de peu d’eau pour grandir et le cultivateur peut fixer le prix lui-même (contrairement au prix des cacahuètes qui est fixé par l’état). Pendant les mois passés tous les déchets de la cuisine ont été mélangés au fumier des poules.

L’eau de la pluie mettra en marche la conversion en composte et ainsi nous disposons de fumier pour assurer une bonne croissance aux pastèques. Nous devons épargner encore un petit temps pour terminer la clôture. Bina, notre chien de garde, devra prendre soin que les troupeaux errants de vaches et de chèvres ne mangent pas toutes les plantes avant qu’elles ne puissent grandir.

Mon séjour de deux semaines était bien trop court une fois de plus, mais je suis tout à fait contente des activités à Ndieguène et très enthousiaste pour travailler durement à la prolongation du projet.

Show me the money?!

Chez Afractie nous sommes fiers de travailler de la manière la plus transparente possible. C’est pourquoi nous n’expliquons pas seulement notre situation financière à nos membres lors de l’assemblée générale, mais aussi sur le site Dono.be (après un contrôle méticuleux par un comptable juré). Ce site cessant bientôt d’exister, nous souhaitons vous informer par l’article qui suit.

Au cours de l’exercice 2018, nous avons franchi une autre étape importante : pour la première fois nous avons réussi à soutenir nos projets au Sénégal avec plus de 50.000 euros. En détail : 30.000 euros ont été donnés au refuge ATAX à Dakar, 14.435 euros au refuge Djar Djal à Thiès et 7.575 euros ont été investis pour le démarrage du « Coquetier social »,notre nouveau projet à Ndieguène.

L’argent dans les refuges est utilisé e.a. pour payer le loyer, les salaires des employés locaux, les factures des services publics (eau, électricité et internet), les frais de petit déjeuner et de déjeuner pour les enfants mendiants, pour les soins médicaux et le matériel pédagogique. A Djar Djal l’argent va non seulement au refuge de Thiès, mais il est également utilisé pour le projet de football « Sport pour tous » à Grand Mbour et Mandera.

Dépenses 2018 – aperçu

En plus de ces dépenses pour nos projets au Sénégal, nous avions encore des frais personnels. 3.229,12 euros ont été dépensés pour l’organisations de nos activités (quiz, soirée paella, achats d’équipement au Sénégal pour notre stand de vente,…) et 719,63 euros ont été nécessaires pour les frais administratifs et opérationnels (= 1,3% de nos dépenses totales, bien en-dessous des 20% que les grandes organisations atteignent parfois).

Les dépenses pour notre assurance volontaire (389,98 euros) et le hosting de notre site web (111,93 euros) sont particulièrement importantes pour ces frais. Le reste est dépensé en frais bancaires, frais de téléphone et timbres pour l’envoi des certificats fiscaux. Tous les employés d’Afractie travaillent en tant que volontaires et gratuitement.

Nous avons collecté l’argent pour toutes les dépenses de 4 manières : d’abord, par les cotisations annuelles (505,00 euros), les dons (19.457,64 euros), les subventions (du Panel du 4ième pilier, de Malines et de la province d’Anvers, représentant ensemble 7.940,00 euros) et l’organisation des différentes activités (17.337,33 euros). Dans ces activités, notre participation au Student Kick-Off de Gand est une source importante de revenus (5.184,44 euros).

Revenus 2018 – aperçu

Le lecteur attentif (qui sait compter un peu aussi) note que nous avons terminé 2018 avec un déficit important (dû principalement aux dépenses supplémentaires nécessaires à la mise en route de notre nouveau projet). Heureusement Afractie est une organisation saine et nous avons réussi  à épargner suffisamment ces dernières années pour franchir le pas. Toute aide est la bienvenue bien sûr. Sur notre site vous verrez comment vous pouvez nous aider (non seulement par des dons financiers, mais aussi par votre participation en tant que volontaire vous soutenez nos projets au Sénégal de façon indirecte).

Talibés et droits des enfants : une histoire difficile ?

Vers la fin de 2017,  l’asbl Afractie a eu l’occasion de se lancer dans un processus d’orientation de KIYO.  (une ong destinée aux droits des enfants). Ensemble avec les membres d’Afractie ils voulaient envisager le fonctionnement considéré à partir du point de vue des enfants. Cela a donné lieu à une recherche passionnante, parfois conflictuelle pour stimuler l’intégration de l’approche des droits des enfants à l’intérieur des projets.

Une première analyse à partir d’une série de questions nous a appris que nous nous occupons des droits des enfants dans les projets, mais qu’il reste à faire . Par exemple : la participation des enfants dans la prise des décisions,la formulation de principes clairs pour protéger les enfants dans les projets  et surtout  l’importance de prendre comme point de départ les droits et non les besoins des enfants. L’indivisibilité des droits des enfants nous est devenue claire.

Comme devoir nous avons parcouru le traité des droits des enfants. Nous nous y attendions, mais le fait que les talibés soient pratiquement privés de tous les droits des enfants était une épine dans le pied. Ils n’ont pas le droit de rester chez leur famille, ni à la sécurité et la protection, pas de droit à la protection contre l’usurpation, ni à un traitement équivalent, ni à une nourriture saine, de l’eau, des habits et un habitat, pas de droit à l’enseignement et la formation, pas de droit aux soins, à une vie privée, à assez de temps pour le jeu et les loisirs… Une confrontation avec la réalité dure des talibés au Sénégal.

Comment faire pour accorder plus d’attention aux droits des enfants dans les projets ?  KIYO nous a appris que dans toutes les décisions ou actions que nous avons prises ou mises en place avec les équipes au Sénégal, d’essayer toujours de partir des droits des enfants. Ce que nous voulons était-il vraiment dans le meilleur intérêt de l’enfant ? On leur a demandé ? Qu’en ont-ils pensé ? Qu’est-ce qu’ils voulaient ? Nous avons bien appris une chose dans ce processus, c’est qu’il faut toujours se demander ce que l’enfant veut et ce qu’il en pense.

Le processus a duré plus d’un an. Nous avons organisé plusieurs rencontres avec les collaborateurs de KIYO, qui nous ont posé des questions, en nous écoutant, en nous guidant  et ont pensé avec nous. D’abord nous avons été extrêmement déçus par le fait qu’on ne respecte aucun droit des enfants. Puis, pendant le processus nous avons compris notre rôle pour intégrer la conscience et l’importance des droits des enfants dans nos projets. A l’aide d’un start up kit nous avons parcouru un certain nombre des principes du traité des droits des enfants. Nous avons dialogué à propos des principes, avons discuté les trucs et les astuces et avons essayé de traduire une approche en pratique, ce qui constitue le défi, bien sûr.  Comment fait-on dans les projets au Sénégal ? Comment communiquer avec les équipes locales ? Comment passer d’une approche basée sur les besoins à une approche basée sur les droits ?

Entre les sessions les membres d’Afractie ont travaillé avec les équipes locales au Sénégal pour adapter l’approche à partir des droits des enfants. Cela s’est traduit par des questions concrètes telles une réglementation plus claire concernant les relations avec les enfants, une approche sur mesure, une attention individuelle à l’enfant, une série d’ateliers adaptés aux enfants, la participation d’un talibé comme partenaire de discussion dans le travail en équipe…

KIYO nous a donné l’occasion de suivre un chemin qui nous a fait réfléchir consciemment à notre approche à partir d’une attitude constructive critique et appréciative. Ils nous ont permis de réfléchir et de partager nos connaissances, mais nous ont également donné l’énergie nécessaire pour continuer à travailler avec eux.

Nous recommandons un tel processus pour tous les 4ième piliers. Les 4ième piliers sont axés sur l’action et les résultats. Cependant il est nécessaire et important de réfléchir à l’action de temps en temps et de réfléchir à ce que nous faisons et comment cela peut se réaliser différemment ou mieux. Ce processus intensif nous a éclairés afin de soutenir nos projets encore plus consciemment dans la perspective de l’approche des droits des enfants.

Merci KIYO ! Merci Sandra !

En visite chez Djar Djal à Thiès

Il y a plein de monde le matin que nous rendons visite à Djar Djal à Thiès le vendredi 28/12/2018.

Plusieurs groupes de talibés viennent s’y détendre et manger quelque chose au projet. Des regard curieux partout, surtout quand on montre son smartphone. Les talibés posent avec plaisir pour une série de photos. Il existe toujours un contraste entre la gaieté et l’exubérance des enfants et le fait de savoir qu’on leur refuse presque tous les droits des enfants.

Lors d’un entretien avec Pape Omario Lo, le responsable et moniteur du projet, nous nous informons à propos de la situation. Les enfants viennent de trois daraas dans les environs de Thiès. Au moment de leur arrivée dans le projet, ils ont souvent marché et mendié pendant des heures. Dans le projet le sport et les jeux sont possibles, ils peuvent s’épancher, recevoir des soins et un soutien.

Petit à petit le projet se fait connaître, même dans les environs. Certains voisins par exemple apportent chaque jour deux baguettes aux talibés. D’autres s’occupent du « rire » traditionnel le vendredi, un diner de millet au yaourt. Par des dons et des aumônes la communauté locale soutient les enfants, mais le problème n’est toujours pas envisagé de façon structurelle. Les lois ne sont pas appliquées… En tout cas le projet constitue une maison de sécurité pour les enfants. Ils savent ou aller, s’ils éprouvent des difficultés et qu’ils ont besoin d’aide. C’est déjà très important.

Pour beaucoup d’enfants la situation s’améliore donc.

L’ancien talibé Ibrahima, qui réside dans le projet depuis quelque temps, se porte bien. Il suit une formation de couturier en ville. Grâce au projet il dispose également d’une machine à coudre. Il crée ses propres modèles et a déjà un certain nombre de clients. Il fait paraître ses modèles régulièrement à facebook.Il les fabrique avec des restes d’étoffe. Il est très enthousiaste et dévoué à son travail. Il est fier de ses modèles et le montre également. Ibrahima peut rester quelque temps encore chez Djar Djal, jusq’à ce qu’il soit indépendant. Entre-temps il joue un rôle important dans le projet. Il aide Pape avec l’accueil des talibés avant d’aller à son atelier. Il aide à entretenir la maison et le jardin. Le dimanche ses amis (anciens talibés) se réunissent au projet. C’est comme sa famille de substitution. En effet, sa vraie famille habite en Guinée-Conakry.

Tout comme chez ATAX à Yoff avec leur programme « Un talibé, un métier » on a l’intention de continuer à Djar Djal les possibilités de formation des ex-talibés afin de leur offrir de meilleures possibilités au marché de travail mais également de leur apprendre à créer eux-mêmes une petite entreprise. Dû à la situation économique au Sénégal il y a peu d’emplois pour un grand nombre de candidats. Il s’agit alors de créer du travail soi-même. Bien sûr cela est plus facile à dire qu’à faire, mais beaucoup de jeunes au Sénégal prennent des initiatives intéressantes, qui sont imitées par d’autres. Des jeunes s’occupent par exemple d’élevage de poules ou commencent une petite entreprise horticole.

Djar Djal souhaite encourager ces initiatives. L’association dispose d’une terre d’agriculture dans la commune de Notto à 8 km environ de Thiès. Le terrain est situé dans une zône d’agriculture féconde, facilement accessible. La couche d’eau souterraine n’est pas profonde. Le but est de commencer une petite entreprise horticole qui génère d’une part des moyens financiers mais d’autre part offre la possibilité aux (anciens) talibés de participer à l’entreprise afin d’apprendre le métier. Sur une base annuelle 5 (anciens) talibés peuvent suivre une formation de cette façon. Dès qu’ils contribuent de manière indépendante au travail, ils reçoivent une compensation limitée.

Djar Djal prévoit aussi une part des frais de transport. On se concentre sur la cultivation d’oignons et de poivrons. Des poulets de chair sont élevés aussi. Entre-temps on a mis une barrière autour du terrain, on a construit un emplacement pour élever les poules de chair ainsi qu’un bâtiment pour le logement. On a planté des arbres et des arbustes.

Un business plan a été élaboré avec un détail des coûts et des marges bénéficiaires possibles. Djar Djal s’occupe du terrain et des infrastructures sur le site, Afractie fournit un coût de démarrage et une compensation pour les ex-talibés formés dans le projet.

Le site est prêt à être utilisé. Un premier lot de poussins est prévu pour bientôt.

Afractie proudly presents…

Depuis quelque temps, nous cherchons des moyens d’ancrer de manière permanente le
fonctionnement de nos projets au Sénégal (ATAX et Djar Djal). Actuellement ils dépendent
entièrement du soutien financier de la Belgique.
Grace à l’aide d’un mécène généreux, il se présente maintenant une occasion que nous ne voulons pas manquer. Nous sommes heureux de vous présenter un nouveau projet : « LE COQUETIER SOCIAL ».
Sur une parcelle de terre de Ndièguène (grande région du lac Rose), cette nouvelle organisation sénégalaise commence par un élevage de volailles ou des poules pondeuses et des poulets de chair seront élevées par des (ex)-talibés plus âgés, accompagnés d’un responsable local. Les poulets et les œufs seront vendus sur place et une partie du revenu sera utilisée pour assurer les couts de fonctionnement d’ATAX. Après six mois, la formation est terminée et d’autres talibés peuvent commencer. A cette fin, le réseau et les contacts d’ATAX sont utilisés. A plus long terme, la procédure peut s’étendre à d’autres produits locaux (mangues, tomates, oignons)…
Les objectifs (sociaux) du partenariat entre Afractie, ATAX et « Le Coquetier Social » sont :
– Création de possibilités d’apprentissage supplémentaires pour le programme « Un talibé, un métier » (ou : « A chaque talibé son métier »)
– Générer des revenus locaux au profit d’ATAX et permettre ainsi à Afractie d’économiser sur
l’assistance mensuelle pour ATAX.
– Former les talibés plus agés de manière à ce qu’ils puissent gagner leur vie ou contribuer au soutien de leur famille et ainsi s’assurer un avenir dans leur propre pays.
– Accompagner les talibés dans la transition entre leur vie au daara et leur vie indépendante.
Les premières activités ont déjà commencé (construction du puits) mais en novembre notre vice-présidente Nina se rend au Sénégal pour superviser le démarrage des grands batiments (construction d’un logement pour les responsables et les talibés en formation, d’un lieu de stockage et des premiers poulaillers).
Une grande partie des couts de démarrage est couverte par Afractie (subventions, sponsoring et notre réserve), nous voulons donc être surs que cet argent est bien dépensé. Nous espérons pouvoir acheter les premiers poussins au printemps 2019 et commencer de manière permanente .
Une nouvelle étape dans notre engagement à améliorer la vie des enfants de la rue oubliés au Sénégal. Il va de soi que nous vous tiendrons au courant de l’evolution.

L’été d’Afractie – édition 2018

Tous ceux qui sont au courant de nos activités, savent que nous faisons notre tour  à travers différents festivals mondiaux  afin d’attirer l’attention sur Afractie, les maisons d’accueil Atax à Yoff et Djar Djal à Thiès et sur la situation des talibés au Sénégal.

Nous profitons de cette occasion pour la collecte de fonds par la vente de bijoux sénégalais, des porte-clefs, des couverts de salade, des paniers en osier, des cartes postales, des calendriers d’anniversaire,… (et depuis peu également des produits de l’atelier de couture à Atax !) afin d’assurer le fonctionnement de nos projets.

Bien que l’été n’ait pas encore commencé, nous sommes démarrés déjà et notre tour d’été a commencé. Nina et Bart ont construit notre stand d’information et de vente pour la deuxième fois pendant le salon des plantes à Schriek dimanche le 26 mai . Le succès n’était pas énorme, mais tous les départs sont difficiles. Mardi le 8 mai notre stand se trouvait dans le hall de la Maison de Film à Malines afin de donner un accent africain au festival de film africain.

Le 10 mai l’on était présent à Boechout, suivant l’habitude, pendant le « Festival du Sphinx » le jour de l’Ascension.

Un autre rendez-vous fixe de notre calendrier est Bornem, ou nous avons réservé une place à « Ezperando » et profité du soleil, l’ambiance agréable et les représentations musicales. Dimanche le 24 juin c’est le moment d’ « Ottertrotter » au parc Tivoli à Malines.

Ensemble avec les autres membres du Conseil Mondial à Malines, nous organisons encore une fois une activité pour les enfants afin de leur faire connaitre nos projets et les SDG de façon ludique.

Arrêt suivant de notre tournée : Middelkerke, ou nous contruisons notre stand sur la place Epernay devant l’ex-casino, pendant « Couleur à la Mer ». Espérons qu’il y aura un monde fou et que l’ambiance y sera chaleureuse et agréable, tout comme l’année passée.  En tout cas nos chapeaux rasta font partie de l’équipe.

Le programme d’aout implique  de nouveau la « Randonnée des Morts » à Bornem. Aurore et Dieter essayent une nouvelle fois de parcourir les 10 km en 24 heures. As-tu envie de marcher avec nous et de te faire commanditer par tes amis, collègues ou connais-tu des gens qui veulent le faire sous le drapeau  de l’asbl Afractie ? Prends contact avec nous sur info(Replace this parenthesis with the @ sign)afractie.be.

S’il s’avère par la suite que vous avez collecté au moins 200 euros d’argent,  vos frais d’inscription seront remboursés. Nous terminons l’été cette année également par « Zuidergekte » à Geel le 26/08/18. Un programme bien rempli donc.

Pour alléger le fardeau du conseil d’administration nous cherchons toujours quelques volontaires pour tenir les stands pendant une partie de la journée à l’une des  activités susmentionnées ou d’aider nos marcheurs.

Cela vous intéresse ? Faites- le nous savoir via info(Replace this parenthesis with the @ sign)afractie.be. Faites attention aussi à notre page facebook. Et… peut-être au revoir à l’occasion de l’une de ces activités ?